Par delà les vécus et questionnements individuels suscités par cette crise, il est une interrogation essentielle à ne pas négliger : la question du sens. Et ce quelle que soit la façon dont cette question a émergé pour chacun d’entre nous : sens de notre vie ; sens de nos choix personnels, familiaux et/ou professionnels ; sens de nos priorités ; sens de notre place et de notre projet dans ce monde…

Un questionnement à long terme

On peut même dire qu’au-delà de nos expériences très variées, le confinement nous a tous réuni autour de cette question et de ses déclinaisons multiples, en bloquant notre routine sur « off », en nous obligeant à nous poser, en nous mettant face à nous même.

Certes, au fil des mesures progressives de déconfinement,  la vie d’avant semble reprendre lentement son cours.  Mais plus comme avant, pas seulement en raison des effets immédiats – économiques et sociétaux – du confinement mais en raison aussi des effets à long terme de cette interrogation, qui perdureront bien au-delà de la transition « post confinement ».

Dans un contexte dominé par l’incertitude, l’expérience profonde de notre propre vulnérabilité (physique, économique, relationnelle) nous confronte à l’essentiel :

  • Quand l’avoir devient éphémère et qu’il n’est plus un repère, se pose la question de l’être, de notre raison d’être, individuelle et collective ;
  • Quand plus rien n’est acquis mais qu’en contrepartie tout autre choix devient possible, se pose la question de changer de vie ou de rythme ou de façon d’agir (et entre autres de travailler)

Autrement dit, le confinement est venu réveiller avec une particulière acuité le besoin de réalisation de soi, questionnant avec plus ou moins d’intensité chacun d’entre nous sur son propre accomplissement, sur son utilité sociale, sur sa contribution au monde. Et par effet de ricochet en tout premier lieu sur l’utilité sociale, la contribution au monde et tout simplement l’orientation de son entreprise et/ou de ses réseaux professionnels.

Éluder ces questions essentielles, ou les laisser de côté sous prétexte que l’urgence est ailleurs (à la reprise, à la stabilisation économique) serait une erreur grave. Cela reviendrait à sacrifier l’important à l’urgent, avec un retour de boomerang peu maîtrisable dans quelques mois. En un mot : faire l’économie de ces questions essentielles expose les entreprises à un risque économique plus grand encore, faute de troupes motivées pour faire bloc face à la situation.

Pour prendre un coup d’avance le défi est au contraire, à l’échelle des collectifs, de mener de front dès aujourd’hui l’urgence pratique et l’interrogation essentielle sur le « sens » des orientations prises.

L’importance du « sens » donné à l’action collective

Donner du sens à l’activité commune, aux tâches de chacun au sein du collectif, aux objectifs de demain est le seul moyen de consolider la pérennité des actions mises en place pour dépasser la crise et que nous vous avons présentés dans les articles précédents.

A l’échelle individuelle, seul le « sens » de ce que l’on fait

A l’échelle d’un groupe, le sens de l’action commune sera le moteur profond de la relance :

Mais concrètement comment donner ou redonner du sens à l’action collective dans une période si troublée et après l’onde de choc traversée ?

Il s’agit d’abord de lui donner « un » sens, à la fois :

  • une signification (pourquoi ? )
  • et une direction (en vue de quoi ? ) à la manière d’une boussole, dans un paysage nouveau

Mais c’est ensuite donner le pouvoir à chacun au sein du collectif d’« œuvrer » dans ce même sens , afin de mobiliser les énergies individuelles en synergies efficientes.

L’importance d’une vision partagée

Une telle orientation collective suppose une vision commune :

  • de ce que l’on est ?
  • d’où l’on vient (et d’autant plus après une expérience aussi inédite que celle du confinement sanitaire et de ses différents impacts) ?
  • et d’où l’on va?

Autrement dit, la vision est le moteur de la mission :

  • une vue d’ensemble de l’histoire commune à écrire, qui fait sens pour tous
  • un regard non seulement porté vers l’avenir et la projection d’un cap, mais tourné également sur le passé pour mieux cerner ce qui nous lie et nous consolide

D’où l’importance d’une vision concertée avec le personnel, pour faire le point, à l’issue des vécus individuels de la crise, sur ce qui nous anime et le chemin à parcourir de concert.

Dans ce contexte, au-delà des urgences pratiques, il est essentiel  d’ores et déjà de réinterroger ensemble le sens et la vision de l’entreprise :

  • Quelles valeurs communes fondent l’appartenance ?
  • Quelle culture d’entreprise nous réunit, par delà les expériences et expertises individuelles ?
  • Quelles croyances – anciennes et nouvelles (post-crise) – nous mobilisent pour l’action à venir ?
  • Quelle direction, prendre en cohérence avec ce socle commun ?

Plus que jamais il s’agit de travailler sur la raison d’être de l’entreprise, dans le prolongement et l’accomplissement de la loi PACTE :

  • Envoyer un signal fort pour solliciter les raisons d’être individuelles et les fédérer ;
  • Discerner ensemble l’ADN commun qui donne sens à l’action future :  les racines à déployer, les potentiels latents à actualiser ;
  • Motiver la coopération du personnel dans un projet nouveau en cohérence avec cet ADN propre, pour assurer la continuité de l’entreprise dans une nouvelle réalité …

Comment concrètement partager une vision avec vos équipes ?

  • Avez -vous déjà songé à prendre en amont le pouls de vos équipes pour mieux appréhender ensuite  le travail sur la vision commune ?  [Découvrez le questionnaire Co&axial]

Comment le coaching peut vous aider à mener ce chantier prioritaire ?

Le meilleur accompagnement –  au partage d’une vision renouvelée dans la continuité de votre raison d’être –  est le coaching d’équipe.

Il garantit à la fois

  • la neutralité de regard du coach pour faire émerger la vision d’ensemble qui vous fédère, sans parti pris ni a priori de départ
  • ·l’expertise du questionnement ouvert et de la dynamisation collective pour vous amener à vous projeter le plus loin possible et ainsi définir une vision motivante dans le temps, sans se disperser ou se laisser submerger par les aléas temporaires du post confinement.

Il s’agit d’un coaching sur mesure, qui s’ajuste à vos contraintes, vos besoins et priorités.  On peut en effet envisager :

  • un coaching immédiat des équipes, via des groupes d’une vingtaine de personnes (au maximum) mixant différentes fonctions et postes d’entreprises
  • ou un coaching progressif via un baromètre soumis de façon anonyme à l’ensemble du personnel (comme présenté ci-dessus) et, en fonction des résultats, calibrer les modules de coaching d’équipe.

Ce coaching vise à la fois à renforcer la cohésion d’équipe, favoriser sa projection et motiver l’action.

Les outils sont nombreux et modulables :  au-delà des protocoles cités au chapitre précédent, techniques de :

  • Team building,
  • Codeveloppement
  • PNL avec jeux de rôles collectifs
  • créativité
  • et/ou techniques spécifiques, comme la sophrologie  : par exemple, la SPV (sophro présence des valeurs) permettant           de « vivre » à la fois mentalement et physiquement le partage de valeurs.

Quelle que soit l’approche, travailler la vision suppose des techniques de visualisation : un storytelling, collectif et improvisé, dépassant le stade des rationalisations et permettant de :

  • projeter les « images » (analogies, métaphores ou autres représentations) qui cristallisent la mémoire, la culture du collectif afin d’accéder aux fondements de la vision d’entreprise, à la raison d’être qui l’enracine et assure sa cohérence                   dans la durée ;
  • projeter le « futur » (ambitions , nouveaux signes de ralliement ) pour élargir les perspectives et ainsi renouveler la vision de l’avenir ou plus exactement du devenir de l’entreprise (une actualisation nouvelle de sa raison d’être dans un contexte inédit).

Pour conclure, partager une vision, à l’instar des poètes,  c’est se donner la possibilité ensemble :

  • de prendre de la hauteur de vue sur les aléas de la crise
  • de devenir « visionnaires » et ainsi d’infléchir le « sens » d’une période aussi réversible.

Je ne peux que vous souhaiter, au sein de vos collectifs, de porter haut et fort votre vision, votre regard sur le monde et votre contribution, d’œuvrer ensemble à cette incarnation de votre raison d’être, de devenir des poètes inspirés, co créateurs de « votre » horizon, par- delà les réalités prosaïques de cette crise.

Paola Spaventa

Accompagnement des transformations en entreprise ainsi que des transitions et mobilités personnelles ou professionnelles

Consultante, Coach certifiée RNCP 1 et Sophro coach

 linkedin.com/in/paola-spaventa

Sources

Cette publication fait suite à une réflexion menée en intelligence collective au sein du réseau Co&axial. Nous remercions chacun des membres ayant participé à ces échanges, pour leur contribution aux Sociolabs durant le confinement.

Par ordre alphabétique :

Emilie DEPOUX, Catherine DUVINAGE, Nadine FAINSILBER, Christine GODARD, Catherine ESTADIEU GRABOWSKI, Sandra HENRIQUE, Sandrine LHOTTE, Diane LIHOREAU, Jessica RIVIERRE, Laurence VEAUVY, Céline VILBERT, Marie-Blanche PENNINGTON, Paola SPAVENTA

LA CONTINUITÉ DANS UNE NOUVELLE RÉALITÉ