D’un point de vue étymologique, le mot résilience est composé du préfixe latin re qui indique un mouvement en arrière et salire qui signifie sauter. Nous sommes ici sur l’utilité de sauter, de reculer pour se libérer de quelque chose.
Les anglos-saxons préfèrent utiliser la racine resiliens (participe présent de resilire) pour donner l’image du rebond, l’idée de reculer pour mieux sauter.
Nous allons préciser l’utilité de la résilience avec quelques métaphores :
Prenons l’image d’un ballon. Celui-ci subit un choc sur le sol mais continue sa trajectoire en rebondissant. Prenons l’image d’un œuf qui tombe sur le sol. Il subit un choc mais se brise.
Jean de La Fontaine reprend dans une de ses fables l’image du roseau. Face aux vents redoutables, l’arbuste «plie» mais «ne rompt pas», tandis que le chêne, fier de braver la tempête, finit par être déraciné.
Alors, la résilience, ça sert à quoi ?
Comme le ballon, la résilience c’est rebondir après un choc. Comme le roseau, c’est se courber en attendant que l’orage passe et de se redresser quand vient l’embellie.
La résilience c’est quoi ?
Je vous propose un quiz sur la résilience, histoire de balayer quelques idées reçues ! Pour chacune de ces affirmations, répondez vrai ou faux.
- La résilience est une capacité innée
- La résilience est une capacité qui se cultive
- La résilience c’est être en capacité de réguler ses émotions
- La résilience c’est être en capacité de masquer ses émotions
- La résilience c’est être capable de demande de l’aide
- La résilience c’est être capable de tout gérer seul(e)
- La résilience est une fin en soi
- La résilience est un processus continuel
- La résilience c’est être capable de toujours aller au plus vite
- La résilience c’est être capable de ralentir et prendre son temps
- La résilience c’est avoir des compétences hors du commun
- La résilience c’est apprendre et s’adapter continuellement
La résilience désigne la capacité, pour un individu, à vaincre des situations traumatiques et à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress. Selon les chercheurs de l’université de Pennsylvanie et de Californie à Berkeley, il existe 6 grandes composantes de la résilience :
- Développer une meilleure conscience de soi (reconnaître ses schémas de pensées, ses émotions et ses comportements, savoir identifier les signes de faiblesse avant que la crise ne se déclare)
- Améliorer son autorégulation (réguler ses impulsions, ses émotions et ses comportements, exprimer les émotions de manière appropriée)
- Cultiver son optimisme (identifier et chercher ce qui est positif, rester réaliste, mais avoir confiance en soi et dans les autres, maintenir l’espoir)
- Muscler son agilité mentale (penser avec souplesse, prendre le point de vue des autres, identifier et comprendre les problèmes)
- S’appuyer sur les forces de caractère (avoir conscience de ses points forts et de ceux des autres, s’appuyer dessus)
- Renforcer les connexions aux autres (relations fortes, communication positive et efficace, empathie, altruisme et capacité à demander de l’aide)
La résilience mode d’emploi
La question à se poser :
Qu’est-ce qui différencie ceux, qui malgré des facteurs de risques ont réussi à se développer et faire preuve de résilience ?
Pour aborder les moyens de développer sa résilience, nous l’aborderons sous l’angle d’un triptyque : Capacité/Processus/Résultat.
Premier point, pour Block et Block, la résilience individuelle est la capacité d’une personne à faire face, la capacité à pouvoir se développer et à augmenter ses compétences dans une situation adverse. Plus concrètement, se retrouvent dans ces capacités :
- L’estime de soi
- Les capacités à résoudre des problèmes
- La capacité d’adaptation
- L’optimisme
- L’humour
- La créativité
- La capacité à donner du sens aux événements
- La spiritualité
- La volonté de faire face aux événements
- La capacité à demander de l’aide et à recevoir de l’aide
Nous voyons, ici, que la résilience dépend des capacités individuelles et met ce système dans un processus dynamique en constante évolution.
Deuxièmement, la résilience en tant que processus, est un concept dynamique, modulable et évoluant selon le temps et les événements. Processus, dans le sens où l’individu surmonte, à un moment donné, des épreuves pour les dépasser et continuer à vivre le mieux possible. C’est une interaction entre les capacités de protection et les facteurs à risques sur les plans personnel, familial et environnemental. Résilier, en tant que processus, n’est pas une qualité fixe, c’est un mouvement en perpétuelle évolution.
Le dernier pan du triptyque, le résultat. Pour certains auteurs, la résilience serait un état, un résultat de la mise en œuvre de nos stratégies adaptatives ou capacités. Cela impliquerait que résilier consiste à avoir à l’esprit un but et une stratégie pour remplir l’objectif choisi. Cette entrée nous permet de mettre une certaine opérationnalité dans le concept de résilience.
L’individu, ayant accepté qu’il n’est pas un héros, qu’il n’a pas à résister, comment rendre opérationnel ce processus de résilience ?
Outre le triptyque, nous pouvons nous appuyer sur un éclairage plus concret, basé sur les recherches de Charlie EDWARDS.
Etre résilient, c’est développer 4 capacités :
- La robustesse c’est-à-dire notre capacité à résister aux différents aléas.
- La redondance c’est-à-dire notre conscience qu’il existe des d’alternatives
- L’ingéniosité c’est-à-dire notre capacité à réagir de manière créative et adéquate face à un incident
- La rapidité c’est à dire notre capacité de réaction et de régénération rapide en cas de catastrophe.
Quand nous cherchons à limiter les dégâts et à anticiper ce qu’il faudrait faire, nous activons nos capacités de robustesse et redondance. Quand nous réagissons et que nous récupérons, nous activons nos capacités d’ingéniosité et de rapidité.
En tant que coachs, nous vous proposons un chemin d’accroissement de la résilience, basé aussi sur des capacités :
- Capacité à accepter que tout ne peut être changé. La situation est ce qu’elle est. Cela permet de donner du souffle aux processus.
- Capacité à pratiquer la pensée positive. Autrement dit, ne pas penser à sa source de stress mais à des actions plus positives. Le cas échéant, quand le stress ne peut être évité, utiliser ses imites aidantes pour ne plus penser à la source d’anxiété.
- Capacité à évoluer, modifier son environnement. Changer les habitudes où le stress est présent est un moyen de réduire la source d’anxiété.
- Capacité à établir un processus de réflexion interne. Changer sa perception du problème, reformuler la situation, autant d’options qui permettent de prendre du recul sur la situation.
Nous voyons que ces capacités se nourrissent l’une et l’autre, ne sont pas dans un ordre chronologique.
En conclusion, la résilience, en tant que processus en constante évolution, permet à l’individu à un moment donné, dans un contexte donné, de développer des capacités qui lui permettent d’atteindre son objectif : dépasser ce moment de crise et continuer à vivre le mieux possible.
La résilience c’est pour qui ?
La résilience étant une aptitude à survivre à des événements particulièrement douloureux, nous sommes potentiellement tous concernés, bien sûr à des niveaux très différents. Il y a des personnes qui passent ou sont passées par une situation particulièrement traumatisante, comme les victimes d’attentats, d’enfants maltraités, de rescapés des camps de concentration, de personnes violées ou encore de patients atteints de maladies graves. D’autres situations plus « ordinaires » vont venir activer nos capacités de résilience, comme un cambriolage, un accident de la route, la perte d’un être cher. Egalement durant la vie professionnelle, en cas de crise majeure (dépôt de bilan, revente, rachat, fusion, restructuration…) ou de situations menaçantes (pression psychologique, conflit, harcèlement, licenciement…). En résumé, la résilience gagnera a être développée par chacun de nous à un moment de sa vie !
La crise sanitaire mondiale du CODIV-19 va nécessiter de grandes capacité de résilience, autant pour les individus, que pour les organisations privées, publiques et associatives. Voir Opération Résilience (E Macron). Un Transall de la Base Aérienne 105 d’Évreux engagé pour transporter des soignants « Dans la nuit du 1er au 2 avril 2020, un Transall C-160 de la Base Aérienne d’Évreux a participé à l’opération Résilience en transportant des soignants entre Marseille et Paris. »
La résilience c’est avec qui ?
Le concept de base de sécurité est primordial comme accélérateur de construction des apprentissages et du développement. Il se construit lors de la prime enfance.
L’enfant fait des demandes à l’adulte référent. Celle-ci ou celui-ci y apporte des réponses (c’est-à-dire ne laisse pas ses demandes sans réponse). Plus les réponses sont adaptées et cohérentes (notamment poser un cadre juste et s’y tenir), plus l’enfant construit un lien sécurisant pour lui. Il peut alors explorer le monde, donc construire des connaissances, car il sait qu’il dispose d’un lieu stable et sécurisé pour se ressourcer.
Cette sécurité psychique de base nous permettra, adulte, de faire face dans la suite de notre développement à des épreuves, des traumatismes, de s’y adapter, de les surmonter, d’interpréter nos propres émotions et celles des autres et de profiter de ces événements pour acquérir de nouvelles capacités.
Dans l’environnement professionnel, la résilience passera par la pratique managériale participative et une organisation saine, afin prévenir les conflits au travail et les gérer quand ils apparaissent. Le respect, la reconnaissance, le soutien social seront autant de piliers en faveur de la résilience. L’organisation veillera en parallèle à éliminer les sources de mauvaises ambiances, à développer le niveau de confiance mutuelle, à mettre en place par exemple une charte relationnelle et à accompagner le changement tant individuellement que collectivement (formation aux techniques de coping, le coaching individuel et d’équipe).
Alors, avec qui développer sa résilience en tant qu’adulte ?
Avec un professionnel de l’accompagnement (coach, thérapeute…) qui sera garant de ce cadre de sécurité pour que vous puissiez prendre du recul, mettre des mots et donner du sens à l’événement, afin d’y réagir de façon adéquate en activant vos propres ressources.
Citations et livres sur la résilience
« L’art subtil de s’en foutre » de Mark Manson, éditions Eyrolles.
« Le bonheur n’est pas ce que l’on désire mais d’apprécier ce que l’on a » Paulo Coelho
« Une saison de coton » de James Agee sur les métayers de l’Alabama après la Dépression. En introduction, il y a une citation de W.H. AUDEN, poète et essayiste 1907-1973 qui a publié notamment « The Age of Anxiety ».
« Le désespoir s’emparant si entièrement de chaque tissu y a détruit les sièges enfouis du désir et de l’intelligence. »
« Je suis né un jour bleu » de Daniel Tammet, éditions les arènes, 2007 pour l’édition française (2006 édition originale)
« L’important n’est pas de vivre comme les autres mais parmi les autres. » Daniel Tammet
« La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. » Boris Cyrulnik
« Un coup du sort est une blessure qui s’inscrit dans notre histoire, ce n’est pas un destin. » Boris Cyrulnik
« On ne se libère pas d’une chose en l’évitant, mais en la traversant. » Cesare Pavesi
« De chair et d’âme » de Boris Cyrulink, éditeur Odile Jacob
« On peut découvrir en soi et autour de soi, les moyens qui permettent de revenir à la vie et d’aller de l’avant tout en gardant la mémoire de sa blessure. Sans souffrance pourrait on aimer ? Sans angoisse et sans perte affective, aurait on besoin de sécurité ? Le monde serait fade et nous n’aurions peut être pas le goût d’y arriver »
Film « La Vie Est Belle » de et avec Roberto Begnini
Article rédigé par David Dewez et Marie-Blanche Pennington
Sources
Cette publication fait suite à une réflexion menée en intelligence collective au sein du réseau Co&axial. Nous remercions chacun des membres ayant participé à cet échange, pour leur généreuse contribution.
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